Accompagné de musiciens, le peintre se livre en public à l'exécution d'une toile, et l'on ne saurait dire si la peinture obéit au rythme, ou si elle lui impose sa propre apparition. Par la condensation d'énergie que permet la présence du public et des musiciens autour du peintre, la révélation d'un fragment de réalité va pouvoir "avoir lieu", c'est-à-dire, au sens propre, trouver place. "Le peintre apporte son corps", écrivait Valéry ; cela vaut ici. Bruno Aguerre prête son corps à l'énergie dégagée par les forces en présence, et la restitue en même temps, l'improvisation picturale nourrissant l'improvisation musicale. Figuration moderne et symbolique des anciennes pratiques rituelles, cette "transe" fait de son corps le lieu d'un passage, et le traceur sensible de l'énergie de l'instant. Ne resteront finalement, après dislocation de la toile, que des fragments, chargés de traces, témoins du partage de cet instant. Si la performance est une "musique pour les yeux, une peinture pour les oreilles", selon les propres termes de Bruno Aguerre, on ne doit jamais la réduire à son aspect le plus spectaculaire. Le spectacle n'est que l'apparence du sens ; c'est la libération de l'énergie créatrice qu'il faut viser derrière. Agnès Cugno Janvier 2001
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Accompagné de musiciens, le peintre se livre en public à l'exécution d'une toile, et l'on ne saurait dire si la peinture obéit au rythme, ou si elle lui impose sa propre apparition. Par la condensation d'énergie que permet la présence du public et des musiciens autour du peintre, la révélation d'un fragment de réalité va pouvoir "avoir lieu", c'est-à-dire, au sens propre, trouver place.
"Le peintre apporte son corps", écrivait Valéry ; cela vaut ici. Bruno Aguerre prête son corps à l'énergie dégagée par les forces en présence, et la restitue en même temps, l'improvisation picturale nourrissant l'improvisation musicale.
Figuration moderne et symbolique des anciennes pratiques rituelles, cette "transe" fait de son corps le lieu d'un passage, et le traceur sensible de l'énergie de l'instant.
Ne resteront finalement, après dislocation de la toile, que des fragments, chargés de traces, témoins du partage de cet instant.
Si la performance est une "musique pour les yeux, une peinture pour les oreilles", selon les propres termes de Bruno Aguerre, on ne doit jamais la réduire à son aspect le plus spectaculaire. Le spectacle n'est que l'apparence du sens ; c'est la libération de l'énergie créatrice qu'il faut viser derrière.
Agnès Cugno Janvier 2001
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